04/08/2012
Chemins de pierres
Elle aimait ce lieu. Depuis toujours. Depuis toujours elle allait sur ces mêmes chemins d'un pas égal. D'un pas à l'autre. Et à chaque fois renouvelée.
Elle marchait. De longues heures. Elle voyait changer la lumière. Elle aimait cette lumière si particulière, filtrée dans les feuillages des grands arbres au bord de l'eau, ou rasante sur le rocher. Elle connaissait la lumière à chaque saison, à chaque moment du jour.
Elle était fascinée aussi par la nuit sous un ciel noir profond, ou encore par la lumière étrange d'une nuit de pleine lune, réveillant les ombres plus noires, plus mystérieuses.
Elle regardait tout. Elle écoutait tout. Elle se laissait submerger par les sensations. Elle devenait tour à tour feuille, papillon, oiseau et s'envolait vers on ne sait quelle destinée. Elle devenait écorce, terre, eau et même pierre. Elle était fascinée par tant de couleurs. Tant de matières. Elle se perdait parfois dans la profusion de formes et de couleurs.
Elle écoutait tout. Elle se perdait aussi dans la profusion de sons. Le vent dans les herbes et les feuillages qu'elle écoutait en fermant les yeux. L'eau de la rivière près de laquelle elle s'arrêtait toujours. Le chant des oiseaux qu'elle avait appris à reconnaître. Et le son clair des pierres sous ses pas.
Elle avait souvent marché ainsi. D'un pas à l'autre. laissant son regard vagabonder. Elle aimait se perdre dans la profusion de sensations.
Elle allait. D'un pas à l'autre. Elle marchait de longues heures sur ces chemins de pierres. A chaque fois renouvelée.
Extrait de "Le temps d'une vie" de Joëlle Jourdan
Près de la rivière chante la mésange bleue. Un grimpereau visite un jeune aulne. Le rouge gorge égrène quelques notes.
Pour dire la rivière, il faut des sons, ceux de l'eau en cascade sur la roche, c'est le premier indice de sa présence. Il faut aussi la fraîcheur de l'air que l'on perçoit en s'approchant.
Puis la rivière s'offre à la vue: pure et cristalline, à la couleur changeante selon la lumière, selon la saison.
Pour dire la rivière il y a aussi les parfums. Des senteurs qui me sont familières.
Extrait de "Journal nature" de Joëlle Jourdan
Il m'arrive souvent d'aller sur les chemins "immergée" dans la nature -comme l'arbre, comme la pierre, comme l'oiseau: simple élément d'un grand ensemble.
Il est des chemins qui me sont familiers et que je retrouve comme l'on retrouve un ami. Ou comme l'on rentre chez soi.
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"La traversée des apparences"
11-19 août 2012
au Cirque de Navacelles
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15:51 Publié dans Photographie, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
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