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15/07/2008

Ernst HAAS

Morceaux choisis...philosophie personnelle de l'auteur, à propos de la photographie, extraits d'un essai inédit : "Eléments" :

"La photographie est un pont entre la science et l'art. elle apporte à la science ce dont celle-ci a le plus besoin, le sens artistique, et à l'art la preuve que l'imaginaire ne crée rien qui ne puisse se retrouver dans la nature. Artistes et savants peuvent trouver dans la photographie un dénominateur commun dès lors qu'il s'agit d'élaborer la synthèse de notre vision moderne du temps, de l'espace et de la structure. Nous pouvons écrire les tout nouveaux chapitres dans un langage visuel où prose et poésie se passeront de traducteurs.

L'appareil à photo facilite la prise de vue, et c'est tout. C'est au photographe de donner à voir une réalité, pourtant ordinaire, mais transformée, transcendée. Tout le problème est de transformer sans déformer. C'est en introduisant un ordre subjectif dans un chaos objectif que l'opérateur doit obtenir un surcroit d'intensité sur la forme comme sur le fond. A notre époque d'affrontements toujours croissants entre l'homme et la machine, la photographie est devenue un autre exemple de ce problème paradoxal: comment humaniser, vaincre une machine dont nous sommes complètement dépendants...l'appareil à photo.

En chaque artiste vit la poésie. En chaque être humain vit une part de cette poésie. Nous connaissons, nous ressentons, nous croyons. En tant qu'êtres de savoir, nous sommes tels des savants, nous reposant sur des liens logiques. En tant qu'êtres sensibles, nous sommes tels des poètes, nous reposant sur l'intuition pour appréhender l'irrationnel. En tant que croyants nous ne faisons qu'accepter nos lointaines limites. Il revient à l'artiste d'exprimer par l'unique d'une vie et d'une oeuvre, la somme de ses sentiments, de ses connaissances et de ses croyances. Nul ne peut photographier l'art. Seulement le vivre dans l'unique d'une vision personnelle qui englobe tout ce que l'artiste a en lui d'humain, de vivant, de compatissant.

Il n'existe pas de recette -rien qu'un homme et une conscience pour parler, écrire et chanter ces nouveaux hiéroglyphes de vitesse et de lumière...." Ernst HAAS

 

21/05/2008

Passagère du silence

ou Dix ans d'initiation en Chine....Un livre de Fabienne VERDIER aux éditions Albin Michel

Voici quelques extraits : 

"Connais-tu le principe de vie du mystère végétal" ? Il allait dans le jardin cueillir une branche : "Regarde : il y a une ossature externe et de la sève à l'intérieur; c'est un fluide qui nourrit la tige. Il y a un mouvement interne et une enveloppe externe stable. J'aimerais que tu reproduises ça avec le coeur. "

"C'est l'attitude du coeur, me disait le vieux maître HUANG, qui fait naître ou non le paysage. S'il est calme et sans entrave, il sera le miroir limpide de l'inspiration qui passe . Par la retenue et l'humilité il suggèrera l'insaisissable, et les éléments du paysage se placeront dans le vide de la composition comme une évidence."

"Le beau, en peinture chinoise, c'est le trait animé par la vie, quand il atteint le sublime du naturel."

En harmonie avec la nature nous sommes reliés à cette source première de connaissance du monde minéral, du monde vivant et de nous-même ! Apprendre à laisser cette force de vie qui habite toute chose s'exprimer à travers nous, dans notre création ?....

15:12 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

03/05/2008

Les chemins de la création

Il est bon de relire nos "classiques", comme l'est "Lettres à un jeune poète "de Rainer-Maria RILKE...De nouvelles réponses surgissent à chaque relecture...

"Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire ; examinez s'il pousse ses racines au plus profond de votre coeur. Confessez-vous à vous même : mourriez-vous s'il vous était défendu d'écrire ? Ceci surtout, demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit", suis-je vraiment contraint d'écrire" ? Creusez en vous-même vers la plus profonde réponse. Si cette réponse est affirmative, si vous pouvez faire front à une aussi grave question par un fort et simple "je dois", alors construisez votre vie selon cette nécessité. Votre vie, jusque dans son heure la plus indifférente, la plus vide, doit devenir signe et témoin d'une telle poussée. Alors approchez de la nature. Essayez de dire , comme si vous étiez le premier homme , ce que vous voyez, ce que vous vivez, aimez, perdez."

Entrez en vous même, cherchez le besoin qui vous fait ...créer....Essayez de dire ...tout art est langage, comme la poésie.

21:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

27/04/2008

L'élégance du hérisson

La photographie est maitrise d'un langage ai-je écrit précédemment...

"Les hommes vivent dans un monde où se sont les mots et non les actes qui ont du pouvoir, où la compétence ultime, c'est la maîtrise du langage. C'est terrible, parce, qu'au fond, nous sommes des primates programmés pour manger, dormir, nous reproduire, conquérir et sécuriser notre territoire et que les plus doués pour ça, les plus animaux d'entre nous, se font toujours avoir par les autres, ceux qui parlent bien alors qu'ils seraient incapables de défendre leur jardin, de ramener un lapin pour le dîner, ou de procréer correctement. Les hommes vivent dans un monde où ce sont les faibles qui dominent. c'est une injure terrible à notre nature animale, un genre de perversion, de contradiction profonde."  Extrait de "L'élégance du hérisson" de Muriel BARBERY

En tant que langage la photographie est-elle alors prise de pouvoir ?

Qu'ai-je à dire que je sache faire ...pour être en cohérence avec moi-même ?!

17:31 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

27/02/2008

Martha

"Martha, ou le mensonge du mouvement" de Claude Pujade-Renaud...à propos de Martha Graham

"Ce paradoxe, merveille et cauchemar certes : travailler son corps dans ce qu'il détient de plus intime jusqu'à le rendre quasi étranger et le traiter tel un instrument extérieur. Pénétrer toujours plus avant dans l'intériorité -écouter les pulsations du sang, du sexe, du souffle, parvenir même à percevoir les rythmes viscéraux, végétatifs, s'immerger dans ce murmure et ce grouillement incessants- et tout en même temps jaillir au-delà des frontières officielles du corps, le disloquer, l'annuler. Danser tentait de résoudre la contradiction de ce double mouvement."

"Affronter avec étonnement, inquiétude, sans la protection des montages et savoirs tout faits, cette existence corporelle brute, incongrue. Faire percevoir qu'elle n'est nullement évidente, creuser l'écart entre soi et son corps pour mieux le combler ensuite -rien que les battements du coeur, quelle angoisse! Et la main, cet animal étrange, et la marche...Accepter la vulnérabilité, la laisser voir."

"Jusqu'au jour -on ne sait trop comment c'est venu...du fait d'un labeur obscur en ce lieu nommé le corps et qui ne se réduit pas à lui- oui un beau jour des noeuds intérieurs semblent avoir été défaits par des mains habiles, de minuscules mains démêlant les fibres nerveuses et connectant entre elles des synapses toutes neuves si bien que l'influx circule avec fluidité et soudain, tel un printemps qui vous bourgeonnerait à l'extrémité des orteils, une légèreté inattendue vous est donnée, vous sentez les muscles travailler les os, la chair inutile se dissoudre...On est désenglué de soi-même, et pourtant c'est bien soi, une part de soi ignorée, qui prétend à l'existence. L'espace s'ouvre à vous, presque liquide, on peut s'y ébrouer comme dans les vagues de l'océan proche, voici que l'on entre dans la danse, quelques secondes du moins, on peut s'imaginer avoir fait alliance avec le rythme mouvant des branches, et l'on découvre cette sécurité de l'enracinement dans le sol qui permet de décoller et de s'envoler..."

Pourrait-on vivre sa vie comme une danse ?!

Le photographe travaille le Regard -qui n'est pas seulement un oeil et un cerveau. Regard qu'il tente de relier à son Etre profond, et d'ouvrir à l'Invisible. Il arrive que le photographe VOIT. Il arrive que ses images DONNENT A VOIR -Instants magiques.

La vie comme un processus créateur. Créateur de Soi. D'un Soi relié -dedans dehors. Processus créateur d'humanité.  

20:54 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)