21/05/2008
Passagère du silence
ou Dix ans d'initiation en Chine....Un livre de Fabienne VERDIER aux éditions Albin Michel
Voici quelques extraits :
"Connais-tu le principe de vie du mystère végétal" ? Il allait dans le jardin cueillir une branche : "Regarde : il y a une ossature externe et de la sève à l'intérieur; c'est un fluide qui nourrit la tige. Il y a un mouvement interne et une enveloppe externe stable. J'aimerais que tu reproduises ça avec le coeur. "
"C'est l'attitude du coeur, me disait le vieux maître HUANG, qui fait naître ou non le paysage. S'il est calme et sans entrave, il sera le miroir limpide de l'inspiration qui passe . Par la retenue et l'humilité il suggèrera l'insaisissable, et les éléments du paysage se placeront dans le vide de la composition comme une évidence."
"Le beau, en peinture chinoise, c'est le trait animé par la vie, quand il atteint le sublime du naturel."
En harmonie avec la nature nous sommes reliés à cette source première de connaissance du monde minéral, du monde vivant et de nous-même ! Apprendre à laisser cette force de vie qui habite toute chose s'exprimer à travers nous, dans notre création ?....
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03/05/2008
Les chemins de la création
Il est bon de relire nos "classiques", comme l'est "Lettres à un jeune poète "de Rainer-Maria RILKE...De nouvelles réponses surgissent à chaque relecture...
"Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire ; examinez s'il pousse ses racines au plus profond de votre coeur. Confessez-vous à vous même : mourriez-vous s'il vous était défendu d'écrire ? Ceci surtout, demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit", suis-je vraiment contraint d'écrire" ? Creusez en vous-même vers la plus profonde réponse. Si cette réponse est affirmative, si vous pouvez faire front à une aussi grave question par un fort et simple "je dois", alors construisez votre vie selon cette nécessité. Votre vie, jusque dans son heure la plus indifférente, la plus vide, doit devenir signe et témoin d'une telle poussée. Alors approchez de la nature. Essayez de dire , comme si vous étiez le premier homme , ce que vous voyez, ce que vous vivez, aimez, perdez."
Entrez en vous même, cherchez le besoin qui vous fait ...créer....Essayez de dire ...tout art est langage, comme la poésie.
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27/04/2008
L'élégance du hérisson
La photographie est maitrise d'un langage ai-je écrit précédemment...
"Les hommes vivent dans un monde où se sont les mots et non les actes qui ont du pouvoir, où la compétence ultime, c'est la maîtrise du langage. C'est terrible, parce, qu'au fond, nous sommes des primates programmés pour manger, dormir, nous reproduire, conquérir et sécuriser notre territoire et que les plus doués pour ça, les plus animaux d'entre nous, se font toujours avoir par les autres, ceux qui parlent bien alors qu'ils seraient incapables de défendre leur jardin, de ramener un lapin pour le dîner, ou de procréer correctement. Les hommes vivent dans un monde où ce sont les faibles qui dominent. c'est une injure terrible à notre nature animale, un genre de perversion, de contradiction profonde." Extrait de "L'élégance du hérisson" de Muriel BARBERY
En tant que langage la photographie est-elle alors prise de pouvoir ?
Qu'ai-je à dire que je sache faire ...pour être en cohérence avec moi-même ?!
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27/02/2008
Martha
"Martha, ou le mensonge du mouvement" de Claude Pujade-Renaud...à propos de Martha Graham
"Ce paradoxe, merveille et cauchemar certes : travailler son corps dans ce qu'il détient de plus intime jusqu'à le rendre quasi étranger et le traiter tel un instrument extérieur. Pénétrer toujours plus avant dans l'intériorité -écouter les pulsations du sang, du sexe, du souffle, parvenir même à percevoir les rythmes viscéraux, végétatifs, s'immerger dans ce murmure et ce grouillement incessants- et tout en même temps jaillir au-delà des frontières officielles du corps, le disloquer, l'annuler. Danser tentait de résoudre la contradiction de ce double mouvement."
"Affronter avec étonnement, inquiétude, sans la protection des montages et savoirs tout faits, cette existence corporelle brute, incongrue. Faire percevoir qu'elle n'est nullement évidente, creuser l'écart entre soi et son corps pour mieux le combler ensuite -rien que les battements du coeur, quelle angoisse! Et la main, cet animal étrange, et la marche...Accepter la vulnérabilité, la laisser voir."
"Jusqu'au jour -on ne sait trop comment c'est venu...du fait d'un labeur obscur en ce lieu nommé le corps et qui ne se réduit pas à lui- oui un beau jour des noeuds intérieurs semblent avoir été défaits par des mains habiles, de minuscules mains démêlant les fibres nerveuses et connectant entre elles des synapses toutes neuves si bien que l'influx circule avec fluidité et soudain, tel un printemps qui vous bourgeonnerait à l'extrémité des orteils, une légèreté inattendue vous est donnée, vous sentez les muscles travailler les os, la chair inutile se dissoudre...On est désenglué de soi-même, et pourtant c'est bien soi, une part de soi ignorée, qui prétend à l'existence. L'espace s'ouvre à vous, presque liquide, on peut s'y ébrouer comme dans les vagues de l'océan proche, voici que l'on entre dans la danse, quelques secondes du moins, on peut s'imaginer avoir fait alliance avec le rythme mouvant des branches, et l'on découvre cette sécurité de l'enracinement dans le sol qui permet de décoller et de s'envoler..."
Pourrait-on vivre sa vie comme une danse ?!
Le photographe travaille le Regard -qui n'est pas seulement un oeil et un cerveau. Regard qu'il tente de relier à son Etre profond, et d'ouvrir à l'Invisible. Il arrive que le photographe VOIT. Il arrive que ses images DONNENT A VOIR -Instants magiques.
La vie comme un processus créateur. Créateur de Soi. D'un Soi relié -dedans dehors. Processus créateur d'humanité.
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06/01/2008
L'autre visage
Extrait de "L'Autre Visage" de Christian BOBIN
Chez nous pas de montre ni d'horloge.
Le temps qui passe a la beauté pour unique preuve -la beauté ou la douleur, tant il est vrai que nous n'avons jamais su démêler l'une de l'autre, tant il est vrai que beauté et douleur sont dans nos âmes comme les deux aiguilles de vos montres quand elles se superposent.
Le temps chez nous est comme de l'eau. L'éternité chez nous est comme de l'eau. Le coeur chez nous est comme de l'eau. Le temps, le coeur et l'éternel mélangent leurs eaux partout dans le monde comme beauté, dans le monde comme douleur.
Vous avez d'abord cru que l'éternel était un miroir. Vous avez longtemps cherché à vous y reconnaître, en vain. Vous avez accusé le miroir, vous lui avez jeté une pierre, puis deux, puis trois, jusqu'à ce qu'il se brise en mille morceaux -mille secondes, mille minutes, mille heures.
Votre coeur était comme le miroir. Maintenant il est comme vos montres. Il ne chante plus la lumière. Il compte les ombres.
Vous êtes pressés. Vous êtes essoufflés. Vous vous agitez dans ce que vous faites comme le dormeur au fond du lit.
Chez vous le temps s'entasse -et puis se fane.
Chez nous le temps se perd -et puis fleurit.
Attendre, c'est ce que nous savons faire de mieux, l'art suprème auquel tous ici s'exercent, enfants comme vieillards, hommes comme femmes, pierres comme plantes.
Caravane de l'attente avec ses deux chameaux, solitude et silence.
Fier navire de l'attente avec ses deux grandes voiles, solitude et silence.
Celui qui attend est comme un arbre avec ses deux oiseaux, solitude et silence. Il ne commande pas à son attente. Il bouge au gré du vent, docile à ce qui s'approche, souriant à ce qui s'éloigne.
Celui qui attend, nous l'appellons le "tout comblé" -car dans l'attente le commencement est comme la fin, la fleur est comme le fruit, le temps comme l'éternel.

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