03/06/2007
Les mères
Extrait de "La part manquante" de Christian BOBIN
« Le couple finit avec l’enfant premier venu. Le couple des amants, la légende du cœur unique. Avec l’enfant commence la solitude des jeunes femmes. Elles seules connaissent ses besoins. Elles seules savent le prendre au secret de leurs bras. La pensée éternelle les incline vers l’enfant, sans relâche. Elles veillent aux soins du corps et à ceux de la parole. Elles prennent soin de son corps comme la nature a soin de Dieu, comme le silence entoure la neige . Il y a la nourriture, il y a l’école. Il y a les squares, les courses à faire et les légumes à cuire. Et que, de tout cela, personne ne vous sache gré, jamais. Les jeunes mères ont affaire avec l’invisible. C’est parce qu’elles ont affaire avec l’invisible que les jeunes mères deviennent invisibles, bonnes à tout, bonnes à rien. L’homme ignore ce qui se passe. C’est même sa fonction, à l’homme, de ne rien voir de l’invisible. Ceux parmi les hommes qui voient quand même, ils en deviennent un peu étranges. Mystiques, poètes ou bien rien. Etranges. Déchus de leur condition. Ils deviennent comme des femmes : voués à l’amour infini. Solitaires dans les fêtes auxquelles ils président. Tourmentés dans la joie bien plus que dans la peine. Ce qui pour les hommes est un accident, un ratage merveilleux, pour les femmes est l’ordinaire des jours très ordinaires. Elles poursuivent l’éducation du prince. Elles s’offrent en pâture à l’enfant, à ses blanches dents de lait, coupantes, brillantes. Quand l’enfant part, il ne laisse rien d’elles. »
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08/04/2007
Chemins de pierres
Depuis toujours elle allait sur ces mêmes chemins d'un pas égal. d'un pas à l'autre. d'une image à l'autre. Depuis toujours et à chaque fois renouvelée. Elle marchait . De longues heures. Elle voyait ainsi changer la lumière. Elle aimait cette lumière si particulière, filtrée par les feuillages des grands arbres au bord de l'eau. Elle connaissait la lumière à chaque saison. à chaque moment du jour. Elle était fascinée aussi par la lumière étrange d'une nuit de pleine lune. réveillant les ombres. plus noires. plus mystérieuses....
extrait de "Chemins de pierres" de Joëlle JOURDAN
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28/02/2007
Photographie et poésie
à propos de Edouard BOUBAT, écrit par Christian BOBIN, dans "Donne-moi quelque chose qui ne meure pas"...
"Parce qu'il est photographe, il ne faut pas imaginer BOUBAT, un appareil entre les mains, en proie à l'obsession de l'image prochaine. Il faut l'imaginer mains nues, sommeillant comme un chat sur la banquette d'un train qui traverse la Russie ou à l'arrière d'un autobus jaune sur les routes du Brésil, ou sur une chaise vert pomme dans le jardin du Luxembourg....Appuyer sur la touche de l'appareil, cela n'a rien de sorcier. Ce qui est mystérieux ce n'est pas ce que nous faisons, c'est ce que nous nous abstenons de faire -cette vie immobile dont notre vie agissante n'est que l'escorte un peu bruyante. Tout vient de là, tout sort de ce temps silencieux, de ces heures négligées, de cette vie blanche. Tout en sort comme le diable de sa boite -la justesse, la beauté et l'amour."
En bons photographes, cultivons le mystère et le rêve !...
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15/01/2007
Poésie
"Les oiseaux d'ici
ressemblent tant
à leurs frêres de chez nous
ils ont même sautillement
à la becquée
la même pudeur à partager
lumière des chardons et silence des pierres..."
Extrait d'un poème de Abderrahmane DJELFAOUI. Poète algérien invité aux Voies de La Méditerranée 2004.
Abderrahmane a écrit ce texte après une balade du Cirque de Mourèze au Lac du Salagou, dans l'Hérault. J'ai mis son texte en images, dans une série "photopoétique" composée de 7 tableaux.
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